Certificat Executive Leads : « Pour faire progresser la culture de sécurité, il faut aussi s’inspirer de ce qu’il se passe ailleurs »

Témoignage d’Antoine Berthet, responsable promotion de la sécurité à la direction sécurité des vols et maîtrise des risques d’Air France.
Qu’est-ce qui a motivé Air France à engager le programme Leads avec l’Icsi ?
Antoine Berthet : Le point de départ est notre souhait de redynamiser notre culture de sécurité. C’est un sujet qui ne s’épuise jamais et qu’il faut savoir renouveler pour rester pertinent. Air France collabore avec l’Icsi depuis plusieurs années, notamment au travers de l’Executive Mastère Maori . Ce programme est très complet, mais aussi long et exigeant, avec deux années d’engagement à un rythme soutenu. Pour toucher un public plus large, nous cherchions un format plus court, plus agile. C’est dans cette logique que nous avons co-construit le Certificat Executive Leads « Leader par la sécurité » avec EDF et l’Icsi, en capitalisant sur l’expérience acquise avec le Maori.
Comment ce programme s’inscrit-il dans votre stratégie de sécurité ?
Antoine Berthet : Dans la formation, les facteurs organisationnels et humains (FOH) sont essentiels. Nous nous adressons à des cadres expérimentés, souvent à des postes clés dans l’organisation. L’idée, c’est de leur donner des leviers pour influencer concrètement les pratiques et les comportements sur le terrain. S’ils intègrent ces réflexes dans leur posture managériale, l’impact se diffuse naturellement au sein de leurs équipes.
Le format s’appuie sur des mises en situation opérationnelles et des analyses de terrain. Cela nous permet de réfléchir aux dynamiques de décision et aux mécanismes collectifs qui ont pu conduire à des événements, par exemple l’accident de la navette Challenger.
Le programme explore également largement la culture juste et équitable. Ce concept bien ancré dans l’aérien favorise la transparence via la remontée d’événements, une manière précieuse pour nous de progresser.
Quel bénéfice voyez-vous à travailler ce sujet dans une démarche inter-entreprises ?
Antoine Berthet : Le partenariat avec l’Icsi nous a permis de construire ce programme en lien avec le groupe EDF , autre acteur soumis à des exigences très élevées en matière de maîtrise des risques. L’intérêt est de nous connecter à d’autres secteurs, à d’autres approches, dans un cadre propice au dialogue.
Dans le cadre du Leads, chacun est amené à découvrir la réalité de terrain de l’autre : une centrale nucléaire, un hangar de maintenance aéroportuaire. Les participants sortent de leurs propres référentiels, comparent les pratiques et partagent les retours d’expérience entre entreprises finalement confrontées à des enjeux similaires. Ce miroir nourrit nos réflexions internes et nous aide à progresser. C’est là un apport essentiel de la démarche inter-entreprise.
Quels enseignements tirez-vous de cette expérience et quelles sont les perspectives pour la suite ?
Antoine Berthet : Les premiers retours sont très positifs. Les participants de la première cohorte ont particulièrement apprécié le haut niveau des intervenants et la qualité des exemples présentés. Aujourd’hui, on sent qu’une dynamique interne se crée. Peu à peu se constitue un réseau avec les personnes formés via le Leads et le Maori, avec des échanges qui se poursuivent après la formation pour continuer à faire circuler nos bonnes pratiques entre les différents métiers du groupe.
Deux nouvelles sessions sont prévues en 2025 et 2026, avec 10 managers d’Air France à chaque fois. Nous construisons quelque chose dans la durée, et c’est ce qui nous permettra de continuer à faire évoluer notre culture de sécurité.